vendredi 30 avril 2010

le massage-trekking



Pour rendre compte de ses sensations après une séance, J. utilise une image que j'ai moi meme souvent en tête pendant le massage, la randonnée, quelque chose qui rapproche la progression dans le massage d'un trek à deux à travers des paysages vastes et changeants.
Comme une longue randonnée, le massage démarre timidement un circuit de pistes et de hors pistes, devient petit à petit plus assuré, trouve un rythme, une respiration, une compagnie dans le silence, gagne en agilité, en vitesse le long des pentes, du dos, ralentis sur les faux plats, des cuisses, les paumes se déposent en confiance, les doigts arpentent les parties escarpées, osseuses, rocheuses, prennent appui, prennent de l'élan, s'équilibrent, le massage reprend son souffle, son pouls, se repose sur les plats, un ventre, un sternum, marque de longues pauses contemplatives, perché sur un point de vue magnifique sur la région, à la tête, les pieds dessinant l'horizon glacé dans le soleil. Il y a des zones froides, des zones chaudes, des zones ombragées, lumineuses, des passages étroits, des vallées, des monts, des sols érodés, des zones sensibles, des sites de fouilles, des zones habitées, des aires arides, tout un monde.
Le temps s'étire, hors de ses réductions, de ses minutages, de ses découpages quotidiens, l'être reprend sa place dans un tout plus grand, les pensées parasites, ruminées pendant la première partie du parcours, laissent la place à une tranquillité d'esprit, à une sérénité dans le mouvement des idées et des sensations. En séance, on enlève ses godasses, on enlève le caillou dans sa chaussure, on fait trempette dans la source chaude, et zou, en piste.